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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 11:19

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         La Terre, ou Matéria Prima, est la semence du Ciel. Née après le Chaos, elle est la base de tout fondement, celle de qui nous sommes issus et vers qui nous retournerons. Celle qui nourrit et sera nourrie par nous après notre mort.

Elle est à la fois accueillante et inhospitalière, précieuse et à maudire, pleine de richesses pour qui sait voir et entendre, mais repliée sur elle-même et gardant au plus profond de ses entrailles les secrets de la vie. Une vie aux multiples rebondissements, sinueuse, ascendante et descendante. Spirale infernale et céleste qui aspire goulument dans le cœur de sa tourmente l'innocent nouveau-né qui, dès sa venue au monde, perd aussitôt sa pureté.

La Terre, dont les lignes, courbes et escarpements charment ou effraient le regard. Séismes, collisions, soulèvements, déchirures, la Terre vit, respire et se révèle. Volcans, montagnes, gouffres, plateaux, champs, combes, cavernes et cols, la Terre porte les cicatrices d'innombrables blessures et fractures qui forcent le respect et l'admiration. On est fasciné par tant de beauté et de pureté, écrasé par tant de violence et grandeur, apaisé par sa sincérité.

         Qui n'a pas ressenti cette délicieuse sensation de bien-être et de sérénité en marchant pieds nus sur la terre humide et fraîche ? L'impression de se ressourcer et se régénérer à son contact est d'autant plus grande qu'on s'abandonne et se laisse envahir et submerger par les ondes bénéfiques qu'elle propage.

Est-ce trop s'avancer que de suggérer alors l'amour, au sens le plus noble et le plus pur du terme ? Un amour absolu qui s'exprimerait en inondant nos cœurs et âmes, sans que nous ayons la plus petite explication rationnelle à ce phénomène étrange dont la manifestation est l'intense et non-maîtrisable sentiment de puissance, la justification incontestable de notre existence, de notre présence sur Terre ici et maintenant ?

         Si l'on est attentif et concentré, si l’on s’ouvre et se laisse guider par nos sens, on peut être grisé par son odeur, captivé et bouleversé par ses paysages et ses couleurs changeantes, dérouté par son goût âpre, séduit par sa fluctuante texture, troublé par ses murmures et saisi par ses grondements. Le cœur de la Terre palpite, son esprit nous pénètre, et la quintessence de son âme est contenue dans un simple bourgeon et se manifeste dans une explosion de corolles ouvertes, de blés ondoyants et dans le premier souffle du nouveau-né.

         Terre de nos ancêtres emplie de leur poussière, gorgée du souvenir de tous ceux qui nous ont précédés depuis la naissance de l'humanité, elle est le réceptacle bienveillant qui s'ouvre et accueille en son sein, et sans sourciller, les restes inanimés d'un fugace passage au soleil de l'existence. Elle est le tombeau catalyseur qui, dans son humide froideur, couve et nourrit le germe d'une nouvelle vie avant de l'expulser avec la promesse d'un inévitable retour. Pas même le temps d'un clignement d'yeux, et la vie s'interrompt et se régénère sans cesse.               

Jadis, la plupart des initiations, en vue d'élever l'âme jusqu'à la subtile perception du Sacré, débutait par l'épreuve de la Terre. Avalé par une bouche géante, et après avoir emprunté un dédale de galeries, l'aspirant débouchait dans une caverne. Accès aux mondes souterrains où le jour et la nuit se confondent, elle permettait l'introspection hors du temps terrestre. L'homme prenait ainsi véritablement conscience de lui-même, mourait et renaissait en se purifiant. En véritable athanor, la caverne réalisait alors la première phase du Grand Œuvre : la Putréfaction réalisée dans l'Œuf philosophique avant la naissance du nouvel homme.

Ancien lieu de culte de l'humanité, c'est par elle qu'on descendait aux enfers. Elle était, dans la mythologie européenne, la demeure des gnomes et dragons, gardiens de trésors. Très souvent, elle était le lieu de naissance des dieux et héros.

         Gigantesque réceptacle d'énergie tellurique, condensateur de forces, caisse de résonance, la caverne est médiatrice entre ciel et terre. Et lorsque la stalagmite rejoint la stalactite, l'on dit que se forme le pilier du monde, celui qui relie le bas avec le haut. La caverne symbolise l'inconscient et ses profondeurs labyrinthiques, et tout à la fois le sommet de la conscience et l'élévation de l'âme.

La Terre, ventre maternel où tout se fonde et se vit à la lumière des mondes cosmiques et divins, est la matrice où nous semons notre graine de spiritualité et dans laquelle nous nous nourrissons. Tout est en elle et tout viendra d'elle. De même, nous sommes le réceptacle de notre moi et la matrice de notre futur. Ce qui naîtra sera issu de nous-mêmes : Nous sommes notre terre.

J’ajouterai que cet élément essentiel à la pérennité de notre existence, tout comme les 3 autres, est en danger. Malgré les appels incessants, insistants, et de plus en plus intenses de la nature, nous faisons la sourde-oreille. L’altération, voire peut-être la destruction, de la Terre entraînera la programmation inévitable de la nôtre. Serons-nous alors déchus de notre qualité d’êtres humains pour avoir été ignorants et orgueilleux, et chuterons-nous encore plus bas ?

 

D.C.

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commentaires

M
Un beau texte reconnaissant, qui incite à la réflexion, envers celle que nous malmenons continuellement.
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D
<br /> <br /> et que nous aimons.... mal! Merci Mansfield<br /> <br /> <br /> <br />

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